jeudi 6 août 2015

L'âge d'or de la peinture à Naples, de Ribeira à Giordano (musée Fabre, Montpellier)

L'exposition est très fournie, on y apprend beaucoup de choses, bien synthétisées sur ces pages du site du musée Fabre.

Une exposition très comparable avait été présentée au musée des Beaux-Arts de Bordeaux en 1994. Entretemps, le musée Fabre a acquis plusieurs toiles... 

Aussi me contenterai-je de reproduire ici quelques noms, toiles et remarques qui m'ont particulièrement marquée, afin d'en garder une trace et de les partager avec vous. 

Par exemple, moi qui suis peu sensible aux sujets religieux (tous ces morts, tous ces martyrs, pfffiou), je dois reconnaître que l'humanité débordante de certaines peintures, pour la plupart de commande, ne peut que toucher, d'autant plus lorsqu'elles penchent vers le naturalisme (qui n'a donc pas du tout le même sens que dans l'histoire littéraire, bien que les définitions aient des points communs). 

Le premier tableau à m'avoir frappée est le Baptême du Christ de Battistello, dont je n'ai pu trouver une reproduction. 

J'ai beaucoup aimé, ensuite, la Suzanne et les deux vieillards (1630) de Stanzione


Entre classicisme et naturalisme, les contrastes et les visages prennent une force magnifique. Le traitement du drame par l'harmonie... Voilà un tableau qui vous happe depuis l'autre bout de la salle.


Tête d'affiche, il y eut aussi cet attachant Pied-Bot de Ribeira, bien droit et ravi, lumineux, peint en pied et en contre-plongée, comme un roi. Information étonnante, d'après le guide, il s'agirait d'une commande insigne du vice-roi d'Espagne. Mais d'après le site du Louvre, où le tableau est habituellement exposé, c'était celle d'un marchand flamand. Une page à lire ici !

De Ribeira encore, un sujet rare, Le Miracle de Saint Donat d'Arezzo. Lorsqu'on regarde de près (et même de loin) les tissus, les drapés et les broderies, on en reste béat d'admiration... L'ordinateur a ses limites...
Une notice complète sur ce tableau ICI 

Ce qui me plaît le plus dans ce Martyre de Sainte Agathe d'Antonio Vaccaro, c'est le rythme donné par les mains au premier plan, et la finesse de chaque visage, et les carnations, et les muscles vibrant sous la peau...

Age d'or, génie, oui, sans aucun doute : de nombreuses toiles frappent par leur vivacité, leur expressivité et leur technique époustouflante.

La Sainte Agathe de Guarino, quant à elle, reste sereine et sensuelle dans la souffrance déjà guérie... Le regard est troublant, les mains sont sublimes... Le portrait m'apparaît tout entier comme une courbe frémissante...


Deux Sainte Agathe donc, de deux peintres différents. 

Autre duo intéressant : deux Sainte Marie l'Egyptienne peintes par Ribeira, à deux époques différentes de sa vie... celle de Marie, et celle de Ribeira ! 


Il est intéressant d'observer que le peintre, au crépuscule de sa vie, choisit pour sujet une Marie l'Egyptienne encore jeune, comme en transition ; alors qu'à ses débuts il l'avait traitée dans son dénuement et sa dégradation de vieille ermite.. Fascination pour ce que le temps nous refuse, ou caprice de commanditaire... 

La vieille ermite garde les traces de sa sensualité, son sein à demi-nu comme un rappel du passé qui n'atteint plus le regard étonnant d'assurance, moins vrillé vers le haut, et la sérénité des mains, posées l'une contre l'autre et non plus agrippées l'une à l'autre... L'ermite s'est bien rapprochée de Dieu ; le symbole de la mort ne peut plus l'effrayer.

J'ai apprécié aussi la douceur vibrante de ce tableau de Bernardo Cavallino : Esther et Assuérus
La couleur prend sa place, et le centre du tableau pourrait presque être pris pour un orientaliste XIXe... Sur les côtés, les mouvements, visages, postures, sont si présents !

Cavallino emploie la couleur d'une manière extraordinaire. En témoigne cette Mort de Saint Joseph qui m'a tapé dans l'oeil. Cette image numérisée rend bien mal compte des incroyables gris, bleus et rouges envoûtants (l'un des gros avantages de cette exposition - même si ce n'en est pas un pour les gardiens, qui semblent sur les charbons ardents, c'est que l'on peut regarder les toiles de très près !). 
  
Et de toile en toile, nous suivons les progrès de la couleur...
Portrait de femme, Francesco Solimena 

Pour une fois que j'aime une nature morte Roccoco... ce n'est pas tous les jours ! Mais les Vanités m'ont toujours séduite...

Andrea Belvedere, Volubilis et boules de neige sur l'eau

Voilà, si vous avez un moment, si vous passez par là, n'hésitez pas, courez admirer ces merveilles de près ! 

Petite remarque : la visite guidée noie un peu sous les informations et ne permet pas de s'attarder sur les toiles que l'on aime le plus, de se laisser envoûter, oublieux de ce qui nous entoure... C'est toujours le problème. S'en tenir à la lecture du site / des panneaux / d'un support vendu sur place me semble de plus en plus préférable...

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